La Rafle

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Ah, humains: je vous aime. Non pas pour votre amour ni vos rires, mais pour votre connerie sans fin.
Et ce film, comme le nom l'indique, parle de la connerie des hommes. La rafle du vel' d'hiv', un triste chapitre de l'histoire française.
Et depuis tout petit, je n'arrête pas de me dire: comment se fait-il que Pétain n'a pas été fusillé? Sérieusement. Vieux con sénile. Laval y est passé. C'est pas assez. "Maréchal, nous voilà à ta porte, la baillonette au fusil, on entendra ton dernier cri. Siegmaringen aurait dû être ton tombeau, vieux corbeau." Avec Laval, et oui: avec ce cher Dr Destouches. J'aime son oeuvre, et j'en ai honte. Si, si.
Donc: Vieux con. Oui, je me répète, mais il fallait le redire. Voila qui est fait.

Donc, oui, c'est une histoire triste.
Mais...

Mais bon. Je ne veux pas citer Godard mais... Non, en fait je veux le citer, ou le paraphraser en fait: Après 'Nuit et Brouillard,' tout a été dit. Et il a dit ça quand il parlait de 'Schindler's List.'
Bien sûr l'histoire, et même l'Histoire, est horrible et elle fait frémir et c'est facile de secouer la tête quand on est bien chez soi avec sa bobone, sa gnole et ses gauloises. Oui, on secoue la tête, on se dit: "quelle horreur!" Et puis on se demande ce qu'on va prendre comme digestif, parce que c'est pas pour dire, mais les fridolins dans le film y'z ont l'air de boire du bon cognac.

Mais bon...c'est aussi facile d'émouvoir les gens avec ce chapitre de l'histoire. Surtout que... ouı, c'est une histoire véridique, comme les autres histoires qui traitent de ce sujet, mais il y a des répétitions quand même...
La jeune 'histerique' qui dit 'on va tous y passer' et les autres qui se moquent d'elle en disant que bien sûr que non, tout va bien.
Les jeunes rebèles qui font les 400 coups.
Le petit bout de chou qui comprend rien (et qui nous dit: "Je comprends rien du tout" au cas ou nous on aurait pas compris qu'il comprend rien).
La mère de famille qui est super-canon. Mais bon, c'est parce qu'elle est polonaise...
Et puis les types qui parlent comme s'ils venaient de la cité. Ils ont la haine, oui, mais on s'attend presque à les entendre dire:
"Oh, bouffon de zina! On va te tepé la gueule!"
Le traveling arrière jusqu'en panoramique pour montrer l'empleur de l'horreur.
Les français sympas qui aident.
Les français moins sympa, qui sont gras et antisémites.
L'horreur des wagons à bestiaux.
Et le violon. Le violon qui pleure pour que le pubic pleure. Comme si on avait besoin de violon.
Et... Ah... là c'est un peu different... Et la police française qui fait du zèle, la police française qui travaille pour les allemands. Les gentils gendarmes, image qui fit scandale à la sortie de 'Nuit et Brouillard,' d'ailleurs, parce que: "Non, monsieur: les français y sont gentils. Les allemands y sont pas gentils, c'est eux qui ont tout fait. Nous autres on était tous au maquis."
Tout à fait, oui...
La milice, doux comme des agneaux. Des agneaux arborant des matraques et des bérets à la con.

J'avoue que les images de Adolf batifolant aux cotés du Dr Morell sont assez troublantes car on dirait vraiment les films de cette chere Eva. En parlant de 'Nuit et Brouillard,' nous avons Adolf qui parle de Nacht und Nebel, donc bon.
Mais bon... Himmler qui fume devant Hitler? Il n'aurait jamais osé. Mais c'est vrai que Eva aimait faire des cocktails.
Je sais que les parallèles entre le sort des juifs comparé à Hitler dans sa tour d'ivoire sont sensés... Quoi? Choquer? On le sait que Hitler était peinard, on le sait que ses proches buvaient et mangeaient bien. Donc bon... est-ce necessaire de nous montrer les nazis tout content? Ca aurait été plus impressionant de voir Pétain et Laval se bourrer la panse, plutôt que les teutons. On les voit vivre aisément, un peu. Pas assez.
Ceci dit, et là désolé d'en parler... mais dans les camps, la solidarité n'était pas vraiment de mise.
Survivre, par n'importe quel moyen. Donc si une mère voyait qu'une autre mère avait des caramels,
et bien ça aurait été sanglant... car oui, les prisoniers mourraient aussi par les mains d'autres prisoniers.

Et c'est bien, les religieux qui aident. Le prêtre sympa, les bonnes soeurs sympas. Super sympa.
N'est-ce pas Pie XII?

Donc, que penser? L'histoire est triste, oui. Elle est émouvante, oui. Mais, puis-je le dire?... Elle est aussi typique, dans le sens qu'on a vu cette histoire avant, que ce soit en Pologne ou ailleurs.
Mais en fait, en France, comme ça, jamais. Et donc voila: il faut voir ce film si on est français et qu'on pense que son pays n'a rien à se reprocher. Rien du tout. Suffit de le demander aux roms de nos jours.

Le plus triste, le plus fou, c'est que ce que j'ai beaucoup lu sur les saloperies nazies, et bien j'ai encore jamais vu ça au cinéma, et c'est tant mieux. Il y a des horreurs qu'il vaut mieux réserver aux livres. Mais qui a le temps de lire? Donc si quelqu'un veut que j'écrive un 'petit scnénar' sympa' sur, par example Baby Yar,
ou tout simplement sur les Einzatsgruppen, vous savez ou me joindre.

Ceci dit, suis-je le seul à avoir pensé, en voyant le nom de la réalisatrice: 'Ah, ça, c'est dommage pour elle comme nom.' A savoir qu'elle se nomme Bosch.
La vie est marrante quand même.

Donc il y a des relents de 'La Liste de Schindler' et de 'Le Pianiste.'
Mais est-ce important, tant que les gens se rappellent de la connerie de l'humanité, qu'on se dise que ca ne
se reproduira pas, ce genre de saloperie.
N'est-ce pas, Rwanda?
N'est-ce pas, Darfour?
N'est-ce pas, Israel?